« …La photographie, pour moi, est un moyen de développer de l’empathie envers la société, et j’essaie de refléter cela dans mes images… »
Dans notre monde hyper saturé, où chaque jour nous sommes bombardés d'un flux infini de nouvelles images, Luisa Dörr (juge de notre Prix du Portrait 2025) se démarque.
La photographe brésilienne se construit rapidement une réputation comme l'une des photographes les plus créatives et les plus perspicaces au monde, utilisant son travail comme un puissant véhicule pour raconter stories de ceux qu'elle dépeint.
Vous avez peut-être vu ses magnifiques portraits de patineurs boliviens vêtus de « polleras » traditionnelles et colorées, symboles de fierté culturelle dans les zones rurales du pays. Sa série représentant leurs compatriotes, les « Chollitas volantes », qui utilisent la lutte pour exprimer et revendiquer leur fierté indigène. Ou encore ses photographies des « Falleras », vêtues de costumes traditionnels élaborés pour célébrer la fête annuelle des Fallas à Valence. Espagne.
La photographe brésilienne est rapidement reconnue comme l'une des créatrices d'images les plus créatives et les plus perspicaces au monde, utilisant son travail comme un moyen puissant pour raconter stories de ceux qu'elle dépeint.
Elle décrit son intérêt comme « le paysage humain féminin », porté par sa fascination pour la complexité de la nature humaine et de la féminité. À l'instar des grands portraitistes avant elle, Dorr apporte à son travail une sensibilité – une capacité à créer un lien et à gagner la confiance de ses sujets – tout en dégageant une assurance et une audace qui reflètent l'essence même de ceux qu'elle capture.
Qu'est-ce qui a suscité votre intérêt pour la photographie ? Un moment ou une expérience particulière vous a-t-elle fait réaliser que c'était votre voie ?
LD : J'ai eu mon premier appareil photo à cinq ans. Je m'en souviens à peine. J'en avais toujours un sur moi et je photographiais tout. La photographie a toujours été mon langage et mon moyen de communication avec la société. Elle m'a permis de mieux me comprendre et de mieux comprendre le monde. C'est aussi ce que je ressens quand je photographie : je suis beaucoup plus curieux et courageux.
Pourriez-vous partager les trois photographes qui vous ont le plus inspiré ?
LD : J'admire Diane Arbus et sa capacité à saisir la vulnérabilité et les facettes souvent négligées de la société dans ses photographies. Ses portraits ont le pouvoir de susciter en moi des émotions profondes. Sally Mann est une artiste formidable. portrait Photographe. J'admire la façon dont elle capture la vie de sa famille, notamment ses portraits parfois controversés de ses enfants. Ses images transmettent constamment des émotions, capturant avec brio des moments intimes. Le travail d'Evgenia Arbugaeva, pour moi, s'apparente à un rêve. Elle capture des instants d'émerveillement et de nostalgie qui me transportent dans un autre temps, dévoilant mystères et beauté.
Qu’est-ce qui vous fascine dans le portrait ?
LD : Je suis fasciné par la topographie des visages humains. Ils offrent une telle liberté d'imaginer toutes sortes de stories et des sentiments, avant même de lire la légende. Les portraits sont au cœur de l'art depuis des millénaires. Je crois fermement que les visages sont une source universellement riche pour raconter des histoires.
LD : Peu importe l'époque ou le lieu, les visages résonnent profondément, qu'ils soient capturés par la peinture, la sculpture ou l'objectif d'un appareil photo. Pour moi, c'est le moyen idéal pour transporter notre esprit vers un état d'esprit plus sublime. Je suppose que c'est parce que nous pouvons nous y identifier instantanément. Dès que possible, j'aime intégrer la personne dans un paysage, quel qu'il soit, comme le faisaient les peintres classiques : un arrière-plan qui amplifie la personnalité.
Vous avez capturé des images fascinantes stories—Comment trouvez-vous et choisissez-vous ceux que vous souhaitez raconter ? D'où tirez-vous votre inspiration ?
LD : Pour celui-ci, je vais vous donner un exemple : lorsque j’ai vu la première photo d’Imilla sur Instagram, j’ai immédiatement ressenti le besoin d’en savoir plus sur elle. C’est généralement ma principale motivation : un besoin personnel d’élargir ma compréhension du monde. La photographie, pour moi, est un moyen de développer une empathie envers la société, et j’essaie de refléter cela dans mes images. Au-delà de ce lien personnel, j’y ai aussi vu l’opportunité d’un essai photo captivant, capable d’aborder les thèmes de la jeunesse, de l’identité, des minorités, de l’ethnographie, du sport, de la politique, du patrimoine culturel et de la lutte contre les stéréotypes. Imilla incarnait tout cela.
LD : Notre premier contact s'est fait sur Instagram, et nous avons planifié le projet sur WhatsApp. Bien que je n'aie passé que deux semaines avec eux, nous étions en contact depuis des mois avant que je puisse enfin voyager à cause de la pandémie. Pendant ce temps, je me suis renseignée sur eux : j'ai lu les articles locales, découvert leur culture, exploré leur Instagram et découvert la ville. Je suis arrivée avec un plan structuré, mais comme toujours, il a évolué en fonction de la réalité, de leurs points de vue et des imprévus.
Avant de prendre des photos (pour des projets personnels), je privilégie le contact : je m'assois pour discuter, partager un repas ou un café et établir une relation de confiance. Ce dialogue est essentiel avant même de prendre l'appareil photo.
En tant que juge de notre Prix Portrait, quels conseils donneriez-vous aux participants ?
LD : À tous les participants, je vous encourage à faire confiance au pouvoir de votre stories—Soyez audacieux et honnête. Votre travail a le potentiel d'inspirer, d'éduquer et de créer des liens significatifs. Chaque photographie est une expression unique de votre vision, et cette vision peut résonner bien au-delà de ce concours. J'ai hâte d'apprendre de vous.
Toutes les images © Luisa Dorr